PascalAgadir. перейти к странице . Записи Pascal Все записи Поиск записей Запись на стене. Pascal Agadir запись закреплена. минуту назад. Пожаловаться. Boycott !!!. Croc-Blanc Loup-Cruel. сегодня в 14:30. Ivar Sigurdson @ivarsigurdson·13h Moi, je

Le début du fragment semble indiquer qu’il devait prendre place au sein de l’apologie aujourd’hui classé parmi les Pensées mêlées », il aurait tout aussi bien pu gurer dans la liasse Misère » non pas Vanité », car le sens de cette dernière liasse est particulier chez Pascal. Si tel est le cas, on peut supposer que le scripteur en est Salomon. Mais alors Pascal se serait-il si bien imprégné du personnage que celui-ci en serait venu à prendre ses libertés au point de parler au nom de Salomon moi qui écris [...] » ? Serait-ce donc Salomon qui, avec quelque impertinence, avouerait nourrir son amour-propre de papier dans l’écriture de sa propre apologie ? Il est troublant d’observer que d’autres fragments laissent place à une même ambiguïté, comme J’écrirai ici mes pensées sans ordre, et non pas peut-être dans une confusion sans dessein. [...] Je ferais trop d’honneur à mon sujet, si je le traitais avec ordre [...].32 » Le fragment entend répondre au Pyrrhonisme » qui conteste toute possibilité de discours ordonné logiquement dans la description de l’homme. Mais si Pascal semble bien orienter la thématique de son fragment sous l’égide de cette secte », il n’en reste pas moins que ce moi » qui parle est étrange tout se passe comme si, avant même la rédaction nale, il s’était déjà mis dans la peau d’un autre. Serait-ce ce dernier qui aurait pris la main ? On observe une même tendance avec Stépane il est capable de se regarder comme de l’extérieur. Concrètement, il sait quand grandit en lui un sentiment d’orgueil, même s’il n’y peut rien faire savoir que son envie d’écrire sans réserve s’avère parfois futile ou moralement douteuse ne l’empêche pas de le faire. 1 Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ?33 2 Тотчас же по возвращении из Петербурга Варвара Петровна отправила друга своего за границу отдохнуть » Степан Трофимович поехал с восторгом. Но с первых же писем из Берлина он затянул свою всегдашнюю ноту. Сердце разбито, – писал он Варва ре Петровне, – не могу забыть ничего! Здесь, в Берлине, все 33S. 567. 32S. 457, p. 321 ; L. VI, 1, p. 172. compte, il se prenait à s’exprimer dans un sens humoristique. Or Varvara Petrovna ne craignait rien tant que le sens humoristique. », Les Démons, p. 38. напомнило мне мое старое, прошлое, первые восторги и первые муки. Где, наконец, я, я сам, прежний я, стальной по силе и непоколебимый, как утес .34 Pascal, observe Vincent Carraud35, est l’inventeur de l’usage substantivé du moi » dans la langue française après que Descartes a opéré le tournant en latin, ego ille », le moi. Désormais, peu importe de savoir qui parle c’est la formulation, de laquelle naît une distance interne au sujet, qui compte. Le titre du fragment met en évidence cette étrange tournure Qu’est-ce que le moi ? », et non plus, par exemple, qui suis-je ? » Les deux questions semblent introduire a priori un même clivage dans le sujet, mais l’expression pascalienne est plus éloquente, plus choquante, évoquant davantage un où suis je ? », où est le “je” ? ». Ceci donne lieu à des expressions qui interrogent les limites de la langue dans le m’aime-t-on moi ? », les termes m’ et moi paraissent redondants, mais en même temps il existe une di érence, dans la mesure où l’individu a une intuition de sa singularité c’est le m’ sans qu’il sache où la placer c’est le moi. Une forme de vertige s’instaure. Stépane entre dans ce gou re son existence est partagée entre un avant » la vie grandiose en Europe, l’idéal républicain et un maintenant » la vie misérable en Russie, la conscience de l’impossibilité de la justice. Littéralement, il ne se reconnaît nulle part. On observe un usage similaire de la substantivation mon ancien moi » avec toutefois quelque décalage la façon dont est prononcée cette redondance tend à faire penser que le personnage éprouve un goût pour les jeux de mots, pour l’aspect matériel de la langue. En langue russe, en e et, la dérivation est encore plus lourde dans la mesure où le je » est traduit par я », ce qui crée une triple homologie morphologique et phonétique я, я сам, прежний я ». Ce qui nous amène à une dernière forme d’étrangeté 1 La manière d'écrire d'Epictète, de Montaigne et de Salomon de Tultie est la plus d'usage, qui s'insinue le mieux, qui demeure plus dans la mémoire et qui se fait le plus citer, parce qu'elle est toute composée de pensées nées sur les entretiens ordinaires de la vie, comme quand on parlera de la commune erreur qui est dans le monde que la lune est cause de tout, on ne manquera jamais de dire que Salomon de Tultie dit que lorsqu'on ne sait pas la 35CARRAUD, Vincent, Qui est le moi ? », Les Études philosophiques, n. 1-88, 2009, p. 63. 34 Dès son retour de Pétersbourg, Varvara Petrovna envoya son ami à l’étranger pour “ se reposer”. [...] Stépane Tro movitch partit avec enthousiasme. [...] Mais dès les premières lettres de Berlin, ce fut sa litanie habituelle “Mon cœur est brisé, écrivait-il à Varvara Petrovna, je ne puis rien oublier. Ici, à Berlin, tout me rappelle les jours anciens, mon passé, mes premiers enthousiasmes et mes premières sou rances. [...] Où suis-je, en n, moi-même, mon ancien moi, acier par la force et inébranlable comme un roc [...]. », Les Démons, p. 54. vérité d'une chose il est bon qu'il y ait une erreur commune, etc. qui est la pensée de l'autre côté.36 2 Я попросил его выпить воды; я еще не видал его в таком виде. Все время, пока говорил, он бегал из угла в угол по комнате, но вдруг остановился предо мной в какой-то необычайной позе. – Неужели вы думаете, – начал он опять с болезненным высокомерием, оглядывая меня с ног до головы, – неужели вы можете предположить, что я, Степан Верховенский, не найду в себе столько нравственной силы, чтобы, взяв мою коробку, – нищенскую коробку мою! – и взвалив ее на слабые плечи, выйти за ворота и исчезнуть отсюда навеки, когда того потребует честь и великий принцип независимости? Степану Верховенскому не в первый раз отражать деспотизм великодушием, хотя бы и деспотизм сумасшедшей женщины, то есть самый обидный и жестокий деспотизм, какой только может осуществиться на свете, несмотря на то что вы сейчас, кажется, позволили себе усмехнуться словам моим, милостивый государь мой!37 Tout d’abord, même problème que dans le premier parallèle Pascal parle-t-il de Salomon ou Salomon de Salomon lui-même ? Pour M. Le Guern, la chose ne fait pas de doute C’est la distance créée par ce jeu de rôle qui permet à Pascal de faire une remarque sur “la manière d’écrire de Salomon de Tultie”. Pascal ne pourrait pas parler de sa propre manière d’écrire, il peut parler de la manière d’écrire de son Mais le critique n’est-il pas trop cartésien ? Dostoïevski, en tout cas, pencherait davantage pour la deuxième possibilité. Dans l’extrait 2, Varvara vient de décider subitement que le vieux sage était un homme marié », qu’on le ançait à Daria, et qu’ainsi sa liberté » était perdue sans qu’il ait un mot à dire. Il s’émeut alors comme rarement, et le voilà qui, devant G., prend une pose extraordinaire ». Tout au long de sa vie, Stépane s’est constitué un pro l de grandeur d’âme » face à toutes sortes d’ennemis oppressifs et celle-ci en est venue à prendre une telle dimension qu’elle apparaît à Stépane comme un élément arti ciel, à sa disposition. Il y a d’un côté un Stépane commun, un Stépane du quotidien, et de l’autre un Stépane-o ciel qu’il peut porter en e gie. Il nous semble même que cette distorsion permette 38LEGUERN, Michel, Etudes sur la vie et les Pensées de Pascal, Paris, Honoré Champion, 2015, p. 206-207. 37 Je le priai de boire de l’eau ; je ne l’avais jamais encore vu dans cet état. Pendant tout le temps qu’il parla, il arpenta vivement la pièce, mais brusquement il s’immobilisa devant moi dans une pose extraordinaire. – Est-il possible que vous pensiez, reprit-il avec une douloureuse hauteur en me toisant des pieds à la tête, est-il possible que vous puissiez croire que moi, Stépane Trofimovitch, je ne trouverais pas assez de force morale pour prendre ma besace – ma besace de mendiant – et, la jetant sur mes faibles épaules, franchir la porte et disparaître d’ici à jamais, quand l’honneur et le grand principe d’indépendance l’exigent ? Ce n’est pas la première fois que Stépane Trofimovitch a à opposer la grandeur d’âme au despotisme, fût-ce au despotisme d’une femme folle, c’est-à-dire au despotisme le plus blessant et le plus cruel qu’il puisse y avoir au monde, bien que vous soyez permis, je crois, de sourire à mes paroles, Monsieur ! », Les Démons, p. 129. 36S. 618 ; L. p. 208-209. d’interpréter comiquement le début du fragment Disproportion » Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre Et voilà que Stépane devient triple il y a l’homme abstrait que nous avons présenté plus haut, qui est capable de regarder une autre version de lui-même – l’astre Stépane40, le Stépane de la grandeur d’âme –, et encore la version misérable – la terre », le Stépane qui ne sait quoi faire dans sa petite province. Revenons à notre entrée Le silence éternel de ces espaces in nis m’e raie. » Le fragment présente la même forme que ces quelques autres étudiés dans la première partie, investissant la relation du particulier au général. Il y a donc peu de chance qu’il soit une exclamation étrangère à l’apologie. Le portrait distendu de Stépane peut-il permettre d’en dire quelque chose de plus ? Dostoïevski, au contraire de bien d’autres de ses personnages, considère ce personnage comme un des plus sincères dans Les Démons. Avec lui, il nous montre qu’il est possible de concevoir l’alliance d’un arti ce le double » et d'une authenticité croire en son image. De la même manière, on peut concevoir, en un sens, que Salomon de Tultie » ait vécu l’e roi qu’il entend transmettre. Par le processus imitatif, nous perdons la rigidité d’une conception qui lie la personne et le scripteur. 40 En n on se souvint de lui aussi, d’abord dans les publications paraissant à l’étranger, comme d’un martyr en exil, puis aussitôt à Pétersbourg, comme d’une étoile qui avait fait partie jadis d’une constellation connue [как о бывшей звезде в известном созвездии] [...]. », Les Démons, p. 48. 39S. 230, p. 161.

Quest ce que TWebBrowser ? Résolu. Moulagofre Messages postés 16 Date d'inscription jeudi 23 juin 2005 Statut Membre Dernière intervention 26 juin 2005 - 23 juin 2005 à 18:46 Moulagofre Messages postés 16 Date d'inscription jeudi 23 juin 2005 Statut Membre Dernière intervention 26 juin 2005 - 26 juin 2005 à 10:55. Salut ! Je suis tombé par hasard sur des pages sur le Delphi. durée 000457 - Un été avec Pascal - par Antoine Compagnon - Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une réalité indubitable, dont nous avons le sentiment immédiat, mais cette réalité est incompréhensible. Chaque homme est une personne, mais cette personne est indéfinissable....Read Lessdurée 000457 - Un été avec Pascal - par Antoine Compagnon - Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une réalité indubitable, dont nous avons le sentiment immédiat, mais cette réalité est incompréhensible. Chaque homme est une personne, mais cette personne est indéfinissable....Read Less Estce différent d'un intellectuel par exemple ? Quand Pascal dit; " toute la dignité de l'homme est de penser", c'est a coup sur une pensée de penseur. Pour moi c'est un type psychologique bien particulier, il peut y avoir des penseurs brillants et d'autres plus modestes, tout comme il peut y av Évangéliaire ouvert un Dimanche de Pâques. Par Marie-Josée Poiré, liturgiste, membre du comité d’orientation de la revue Vivre et célébrer. Elle est aussi membre du conseil de la Societas Liturgica. À la fin de l’été 1993, je travaillais avec un groupe d’étudiantes et d’étudiants de l’Institut de pastorale de Montréal sur les rapports entre liturgie et justice sociale. Alors que je tentais de leur expliquer ma compréhension de leur articulation dans leur commun enracinement dans le mystère pascal1, je fus interrompue par un participant – un animateur de pastorale très engagé – qui me lança Mystère pascal, mystère pascal … Tu parles de cela depuis tout à l’heure. Mais quel rapport la mort et la résurrection du Christ ont-elles avec ma vie à moi, aujourd’hui ? » J’ai interrompu là mon argumentation pour amorcer un dialogue avec le groupe. Cet échange m’a permis de constater que si, pour la plupart, la mort-résurrection du Christ est un fait fondateur de la foi chrétienne et de l’Église, ce fait n’en demeure pas moins du passé, avec peu ou pas de conséquences reconnues dans leur vie spirituelle personnelle et leur engagement. L’expression mystère pascal n’est pas qu’un concept théologique abstrait. Quand nous l’utilisons, nous parlons de la mort et de la résurrection du Christ, de son entrée dans la gloire et du don de l’Esprit qui leur est consécutif. Nous disons également que cet événement unique – qui est aussi, nous le verrons ci-dessous, un unique événement – d’il y a 2 000 ans nous concerne aujourd’hui. 25 ans après mon échange avec les étudiants de l’Institut de pastorale, près de 100 ans après les travaux fondateurs de Dom Odon Casel, plus de 70 ans après la publication du livre marquant de Louis Bouyer2, Le mystère pascal, plus de 50 ans après Vatican II, la place du mystère pascal, une des redécouvertes théologiques et spirituelles marquantes du XXe siècle, a peut-être encore à être reconnue dans la vie et l’expérience des chrétiennes et des chrétiens. Qu’est-ce que le mystère pascal ? » C’est ainsi qu’en 1961, 10 ans après la réforme de la Veillée pascale par Pie XII, moment clef du Mouvement liturgique du XXe siècle, et deux ans avant la promulgation de Sacrosanctum Concilium, le Père Aimon-Marie Roguet3 intitulait une communication à une session du Centre de pastorale liturgique français aujourd’hui SNPLS, de même qu’un article paru dans La Maison-Dieu. Il y présentait ainsi la structure » du mystère pascal[4] Article I. C’est la mort qui est en situation. Article II. La vie jaillit de la mort. Article III. C’est là l’œuvre de Dieu. Ces trois éléments de la structure, indissociables, se réalisent aux trois niveaux du mystère pascal Pâque des Hébreux, Pâque du Christ, Pâque des chrétiens5 ». La Pâque du Christ continue; elle se parfait chaque jour. Elle ne sera achevée que lorsque le nombre des élus sera complet, lorsque le corps du Christ aura atteint sa stature parfaite. Ceci est important à faire comprendre aux fidèles la Nuit pascale, avec ses baptêmes et ses renouvellements, n’est pas une commémoration stérile. Elle fait progresser, si l’on peut dire, la Pâque du Christ total[6]. Le Père Roguet rappelait la conviction fondatrice de l’Église, qui traverse les écrits apostoliques et patristiques Christ est mort et ressuscité pour l’humanité, pour nous faire passer avec lui de la mort à la vie. La mort du Christ est un exode, une traversée, un passage, préfigurée dans l’exode du peuple d’Israël, et qui annonce et accomplit le passage de toute l’humanité dans sa mort et sa résurrection. Une autre dimension du mystère pascal est peut-être plus difficile à saisir pour les chrétiennes et chrétiens du XXIe siècle. Les textes anciens qui nous sont parvenus nous apprennent que, lorsque les premières célébrations annuelles de Pâques ont été vécues, le Triduum pascal n’existait pas. Selon les Églises, Pâques était célébrée sur une journée ou deux, en fonction du moment où commençait le jeûne précédant la Veillée pascale. Cette Veillée pascale était célébrée durant la nuit du samedi au dimanche et le jeûne en faisant intégralement partie. Ce jeûne était le premier temps de la Pâque, du passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. La Veillée se faisait pendant la nuit – et non pas à 19 ou 20 heures… – et consistait à écouter des textes de la parole de Dieu et à prier; elle s’achevait par la liturgie eucharistique et faisait passer du jeûne à la fête. Au moins dès le début du IIIe siècle, la fête inaugurée par Pâques a duré une période de 50 jours, appelée Pentecostè, la cinquantaine pascale. Le mystère pascal est donc vécu et compris – compris parce que vécu – comme le mystère total du Christ agonie et passion – mort – résurrection – retour glorieux au Père – don de l’Esprit. Le don de l’Esprit est une composante intégrale du mystère pascal selon le Nouveau Testament et la Tradition, le don de l’Esprit accomplit la promesse du Fils; il actualise », met au présent pour nous, aujourd’hui, le mystère pascal. L’Esprit du Ressuscité vit en nous, il est la vie de Dieu qui vit en nous, qui circule entre Dieu et nous. Les communautés chrétiennes des premiers siècles sont plus à même de saisir, à cause de cette célébration unique, que Pâques n’est pas une commémoration historique voulant évoquer les derniers jours de la vie terrestre du Christ. Elles peuvent comprendre et vivre Pâques d’abord et avant tout comme un dynamisme, comme l’exprime bien Dom Jean Gaillard Pâques, ce n’est pas simplement la passion et la résurrection, comme deux actes successifs. Non, Pâques est le passage de l’un à l’autre, le mouvement, l’unité dynamique de l’un et l’autre moment de ce mystère indivisible. C’est le mystère du Seigneur passant de ce monde au Père, de la vie mortelle à la vie glorieuse, par le chemin de la passion et de la mort sanglante sur la croix, et faisant passer son Église avec lui auprès du Père, en lui donnant naissance par ce passage même, faisant passer l’humanité pécheresse, qu’il sauve dans cet acte même, de la mort du péché à la vie de la grâce, de l’esclavage de Satan à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Ainsi, la fête chrétienne de Pâque n’est pas seulement la commémoration de deux événements successifs, même ordonnés l’un à l’autre, la passion du Christ et sa résurrection. Elle est, en toute vérité et essentiellement, un mouvement, un passage, un dynamisme spirituel, puisqu’elle est la célébration liturgique de cet acte sauveur, par lequel le Seigneur Jésus-Christ passant de ce monde au Père, mourant pour ressusciter et pour donner la vie aux hommes par sa mort, fait passer avec lui son Église dans le royaume de la vie immortelle7. Donc, qu’est-ce que le mystère pascal ? Dans une situation de mort, Dieu agit pour faire passer le peuple d’Israël, son Fils premier-né et nous-mêmes de la mort à la vie. Mystère du passage du Christ qui nous entraîne avec lui de la mort à la vie, dynamisme, mouvement, le mystère pascal célébré dans l’action liturgique insère celles et ceux qui célèbrent aujourd’hui dans l’événement même dont fait mémoire la célébration. Vatican II et le mystère pascal8 Dans Sacrosanctum Concilium9, le mystère pascal est au centre de la première partie du chapitre 1, où l’on développe les principes généraux pour la restauration et le progrès de la liturgie » et la nature de la liturgie et son importance pour la vie de l’Église » 5. L’œuvre du salut accomplie par le Christ […] Cette œuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu, à quoi avaient préludé les grandes œuvres divines dans le peuple de l’Ancien Testament, le Christ Seigneur l’a accomplie principalement par le mystère pascal de sa bienheureuse passion, de sa résurrection du séjour des morts et de sa glorieuse ascension; mystère pascal par lequel en mourant il a détruit notre mort, et en ressuscitant il a restauré la vie10 ». Car c’est du côté du Christ endormi sur la croix qu’est né l’admirable sacrement de l’Église tout entière11 ». 6. L’œuvre du salut continuée par l’Église se réalise dans la liturgie C’est pourquoi, de même que le Christ fut envoyé par le Père, ainsi lui-même envoya ses apôtres, remplis de l’Esprit Saint, non seulement pour que, prêchant l’Évangile à toute créature[12], ils annoncent que le Fils de Dieu, par sa mort et sa résurrection, nous a délivrés du pouvoir de Satan[13] ainsi que de la mort, et nous a transférés dans le royaume de son Père, mais aussi afin qu’ils exercent cette œuvre de salut qu’ils annonçaient, par le sacrifice et les sacrements autour desquels gravite toute la vie liturgique. C’est ainsi que par le baptême les hommes sont greffés sur le mystère pascal du Christ morts avec lui, ensevelis avec lui, ressuscités avec lui[14]; ils reçoivent l’esprit d’adoption des fils dans lequel nous crions Abba Père » Rm 8,15, et ils deviennent ainsi ces vrais adorateurs que cherche le Père15. Semblablement, chaque fois qu’ils mangent la Cène du Seigneur, ils annoncent sa mort jusqu’à ce qu’il vienne16. Greffés sur le mystère pascal du Christ par le baptême … » – En mourant, le Christ détruit notre mort; en ressuscitant, il nous fait vivre de sa vie, une vie nouvelle de Ressuscité, par l’Esprit. Par l’initiation chrétienne et la vie sacramentelle, nous sommes greffés sur le mystère pascal du Christ la vie du Christ circule en nous et la nôtre en lui; nous devenons membres du corps du Christ. Le mystère pascal est une constituante vitale – une greffe permet souvent de trouver un nouveau souffle ou même de revivre – de notre identité comme femmes et hommes sauvés par le Christ. On pourrait dire qu’il fait partie de l’ADN de l’identité du chrétien, de la chrétienne Le mystère pascal est l’événement qui nous fait qui nous sommes[17]. » La constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes s’appuie aussi sur le mystère pascal dans sa réflexion sur le Christ, homme nouveau ». Le chrétien, devenu conforme à l’image du Christ, premier-né d’une multitude de frères, reçoit les prémices de l’Esprit et est associé au mystère pascal[18] ; cette participation au mystère pascal est offerte à tous les hommes de bonne volonté » En effet, puisque le Christ est mort pour tous19 et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal20. Finalement, le décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad Gentes, dans le numéro 14 consacré au catéchuménat et à l’initiation chrétienne – paragraphe repris dans le numéro 1 des Notes doctrinales et pastorales communes à tous les rituels de l’initiation chrétienne – synthétise l’effet de l’expérience pascale pour tous les baptisés-chrismés-eucharistiés » Ensuite, délivrés de la puissance des ténèbres cf. Col. 1,13[21], par les sacrements de l’initiation chrétienne, morts avec le Christ, ensevelis avec lui et ressuscités avec lui cf. Rm. 6,4-11; Col 2, 12-13; 1 P 3,21-22; Mc 16,16, ils reçoivent l’Esprit d’adoption des enfants cf. 1 Th 3,5-7; Ac 8,14-17 et célèbrent avec tout le peuple de Dieu le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur. Le mystère pascal pour nous aujourd’hui Le mystère pascal est une réalité actuelle. Bien sûr, il se vit et s’expérimente dans l’action liturgique et sacramentelle où l’assemblée célèbre la présence et l’action reconnues de Dieu, Père, Fils et Esprit, le mystère pascal agissant en elle comme dans les fidèles. Mais celles et ceux qui proclament leur foi en cette présence et en cette action sont aussi invités à en reconnaître les signes aujourd’hui dans leur vie. Le baptême, l’eucharistie font participer à cette Pâque au plan sacramentel »; cependant, au plan existentiel, cela est toujours à poursuivre[22] ». Les baptisés expérimentent au quotidien le déjà là » et le pas encore » chers aux théologiens dans le Christ, ils sont déjà pleinement sauvés, mais ils ont à vivre au quotidien ce passage dans leur existence personnelle, familiale, professionnelle, spirituelle. Ce qui a été amorcé dans l’initiation chrétienne et est vécu dans l’action liturgique et sacramentelle se poursuit dans toutes les dimensions de leur vie que le Christ fait entrer, par le don de l’Esprit, dans la vie de Dieu. Jean-Marie-Roger Tillard, théologien canadien expert au concile Vatican II, le présentait ainsi, en s’appuyant sur Augustin d’Hippone il y a deux mouvements, du Christ aux fidèles » et des fidèles au Christ ce sont les deux faces inséparables de l’œuvre de l’Esprit ». Car les fidèles passent » dans le Christ avec leurs cris de peine et de souffrance pour la foi » qui deviennent ceux du Christ, leurs racines humaines et leurs solidarités qui deviennent celles du Christ, leurs joies et leurs victoires qui deviennent celles du Christ, leurs espoirs et leurs échecs qui deviennent ceux du Christ. Et le Christ passe » dans les fidèles avec sa Croix qui devient celle de ses membres, sa victoire et sa Résurrection qui deviennent celles de ses membres, son œuvre de réconciliation qui devient celle de ses membres, son Esprit Saint qui devient celui de ses membres, sa communion au Père qui devient celle de ses membres[23]. Il s’agit donc de reconnaître que les expériences de mort et de résurrection que nous vivons s’inscrivent dans le dynamisme de la mort et de la résurrection du Christ. Quelles sont ces expériences de passage de la mort à la vie? Cela peut être l’expérience de la mort d’un être cher et du long travail du deuil qui est souvent une renaissance; l’épreuve de la maladie vécue personnellement ou en accompagnant un proche dans les étapes de son parcours. Plusieurs personnes qui les subissent parlent de la dépression ou du burn-out comme d’expériences pascales. La perte d’un emploi, une séparation ou un divorce, événements éminemment douloureux, peuvent être occasions d’une nouvelle naissance. Le départ des enfants de la maison et la remise en question du couple qui s’ensuit peuvent faire passer à une vie nouvelle. Et il y a les passages, les remises en question fondamentales qui provoquent des virages existentiels radicaux retour aux études, émigration, décision de tout laisser pour s’engager dans un projet de coopération, etc. Mais pour qu’on puisse parler de tout cela comme d’expériences pascales, au moins une condition est requise la déprise de notre toute-puissance imaginaire, la reconnaissance que nous ne pouvons nous donner à nous-mêmes de vivre ces passages de la mort à la vie c’est là le don, l’œuvre de Dieu », Père, Fils et Esprit voir ci-dessus le troisième article du mystère pascal selon le Père Roguet. C’est donc toujours la Pâque du Christ, dans ses divers et indissociables aspects de mort, de résurrection et de don de l’Esprit, qui, à la manière d’une pompe aspirante et refoulante, constitue le cœur de la vie chrétienne. Ainsi, la vie du Ressuscité irrigue, par la force de l’Esprit, l’ensemble de l’existence humaine et la sanctifie; celle-ci devient alors, dans sa banale quotidienneté, un culte spirituel » ou un sacrifice saint et vivant » de louange à la gloire de Dieu Rm 12,1[24]. Il s’agit de vivre en état de passage. Vivre en état de passage pour naître, aujourd’hui, à la vie de Dieu passage du contrôle à l’abandon; passage de la suffisance à la reconnaissance du manque; passage de la fermeture à l’ouverture; passage du repli au déploiement; passage de l’inertie à la marche et au mouvement; passage de la peur à la confiance; passage du sommeil à l’éveil et à la veille; passage de la haine à l’amour; passage de la mort à la vie. Il s’agit de vivre et de reconnaître les passages de Dieu dans nos vies et de nous-mêmes dans la vie de Dieu, passages où nous naissons sans cesse à la vie d’enfants de Dieu à laquelle nous sommes appelés Et, jour après jour […] nous avons découvert ce vers quoi Jésus Christ nous invite. C’est à naître. Notre identité d’hommes va de naissance en naissance, et de naissance en naissance, nous allons bien finir, nous-mêmes, par mettre au monde cet enfant de Dieu que nous sommes[25]. Cet article est paru au printemps 2018 dans la Revue de pastorale liturgique et sacramentelle Vivre et célébrer. Cette revue est proposée par l’Office national de liturgie de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Vivre et célébrer Vivre et célébrer est une revue de réflexion et de formation à l’expérience liturgique et sacramentelle. Elle s’adresse aux responsables, aux intervenants et intervenantes en liturgie et à toutes les personnes qui souhaitent intégrer l’expérience liturgique et sacramentelle à leur engagement ecclésial et social. Chaque numéro comporte un dossier thématique, des fiches sur des pratiques liturgiques, des chroniques, des documents et des informations émanant de diverses instances ecclésiales. — [1] Voir Marie-Josée Poiré, De l’autel de l’eucharistie à l’autel des pauvres le mystère pascal en tension », Liturgie, foi et culture, n° 172, 2002, p. 3-9. [2] Louis Bouyer, Le mystère pascal, Paris, Cerf, coll. Lex Orandi, nº 4, 1945, 472 p. 5e édition revue et augmentée, 1960, 478 p.. Cette dernière édition a été republiée récemment Louis Bouyer, Le mystère pascal, Paris, Cerf, coll. Bibliothèque du Cerf, 2009, 480 p. [3] Voir Vivre et célébrer, n° 213, 2013, p. 23. [4] Aimon-Marie Roguet, Qu’est-ce que le mystère pascal? », La Maison-Dieu, nº 67, 1961/3, p. 5-22. Cet élément spécifique se situe aux pages 14 à 17. [5] Ibid., p. 15. [6] Ibid., p. 17. [7] Dom Jean Gaillard, Le mystère pascal dans le renouveau liturgique. Essai de bilan doctrinal », La Maison-Dieu, nº 67, 1961/3, p. 41-42. [8] Voici un rapide survol des mentions et évocations du mystère pascal dans quelques documents conciliaires. Dans la constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium SC, on le retrouve aux numéros 5-6, 61, 102, 104, 106, 107 et 109. La constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium ne le mentionne pas explicitement, mais utilise souvent le concept de mystère, entre autres pour parler du mystère du Christ. La constitution dogmatique sur la révélation divine Dei Verbum évoque le mystère de notre salut no 15 et le mystère du Christ no 24 mais ne parle pas du mystère pascal. La constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes nomme le mystère pascal à quelques reprises nos 4, 5 et 38. Les citations de Vatican II qu’on retrouve ci-dessous sont extraites de Concile œcuménique Vatican II. Constitutions. Décrets. Déclarations, Paris, Centurion, 1967, 1012 p. [9] Dans les numéros 5 et 6 cités ci-dessous, les italiques sont de l’auteure. [10] Note 12 de SC Préface de Pâques, dans le Missel romain. [11] Note 13 de SC Cf. Saint Augustin, Enarr. in Ps. CXXXVIII, 2 CChr., XL. Turnhout 1956, p. 1991, et oraison suivant la 2e leçon du Samedi saint, dans le Missel romain, avant la réforme de la Semaine sainte. [12] Note 14 de SC Cf. Mc 16,15. [13] Note 15 de SC Cf. Ac 26,18. [14] Note 16 de SC Cf. Rm 6,4; Ep 2,6; Col 3,1; 2 Tm 2,11. [15] Note 17 de SC Cf. Jn 4,23. [16] Note 17 de SC Cf. 1 Co 11,26. [17] Traduction de l’auteure de Joyce Ann Zimmerman, Liturgy of the Hours. Toward Parish Implementation, Ohio, Institute for Liturgical Ministry at Maria Stein Center, 1992, p. 27. [18] Cf. GS, no 22, paragraphe 4. [19] Note 32 de Gaudium et Spes Cf. Rm 8,32. [20] GS, no 22, paragraphe 5. [21] Note 33 de Ad Gentes Sur la libération de l’esclavage du démon et des ténèbres dans l’Évangile cf. Mt 12,28; Jn 8,44; 12, 31 cf. 1 Jn 3, 8; Ep 2, 1-2. – Dans la liturgie du baptême cf. le Rituel romain. [22] Louis-Marie Chauvet, Au cœur de la vie et des sacrements, le mystère pascal », p. 127, dans Centre national de pastorale liturgique de Louis-Michel Renier, Exultet. Encyclopédie pratique de la liturgie, Paris, Bayard, 2000, 377 p. [23] Jean-Marie-Roger Tillard, Chair du Christ, Chair de l’Église. Aux sources de l’ecclésiologie de communion, Paris, Cerf, coll. Cogitatio Fidei, no 168, 1992, p. 75-76. [24] Louis-Marie Chauvet, op. cit., p. 129. [25] Christian de Chergé, L’invincible espérance, textes réunis par Bruno Chenu, Paris, Bayard/Centurion, 1997, p. 294; cité d’après la page consultée le 13 février 2013.

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 0205 PASCAL MOI Le moi est haïssable… Il est injuste en soi, en ce qu’il se fait centre du tout. Il est incommode aux autres, en ce qu’il les veut asservir. Car chaque moi est l’ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres. » Pascal, Pensées 455 Published by BERNARD ROMAIN - dans bernard-romain commenter cet article …
Parneuromythes, on signifie de fausses croyances non fondées scientifiquement sur le fonctionnement du cerveau et sur l’apprentissage. Autant dire que l’on a autant de chances de voir la petite souris un jour que de savoir peindre un paysage sans effort au Pascal entend-il répondre ici à sa question initiale ? Ce qu’est le moi, il le dit, ou plutôt il le définit le texte assimile le moi » à la personne », et plus précisément à la substance de l’âme ». Cette définition même ne semble pas contestable le terme pourrait aussi désigner comme d’ailleurs le terme de personne », cette substance de l’âme et ses qualités, comme d’ailleurs l’ensemble âme-corps ; mais Pascal isole ici, en quelque sorte, un objet particulier, auquel le nom de moi s’applique spontanément assez bien , désignant en gros ce qui me définit, ce qui m’est le plus essentiel, voire le support de toutes mes qualités, par opposition à ce qui se succède en moi, et n’affecte pas mon essence. Définition recevable, donc, qui revient apparemment simplement à préciser ce dont parle ici Pascal. Mais cette définition suffitelle ? Visiblement, il demeure difficile de savoir ce qu’est ce moi, s’il ne se confond avec aucune des qualités ». Pascal n’en arrive-t-il pas à douter de la pertinence même de cette idée, lorsqu’il pose cette question Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps ni dans l’âme ? » Le texte vise-t-il donc à nous donner une réponse, ou à nous faire comprendre une difficulté ? La première partie est donc composée de trois questions-réponses, qui soulèvent chacune des interrogations bien distinctes. L’homme qui s’est mis à la fenêtre pour regarder les passants s’est-il mis là pour me voir ? Évidemment non. La réponse est évidente, mais quel est le lien avec la question initiale ? Il ne viendrait à l’idée de personne de confondre ce qu’on est avec le fait d’être un passant. Alors pourquoi cet exemple ? Le deuxième exemple paraît moins étonnant, mais bien banal je ne suis pas ma beauté ; ma beauté peut passer, je demeure moi » ; sans doute pas le même », mais c’est bien moi » qui change, et qui de beau deviens laid par la petite vérole ; tout cela est clair, et semble pour tout dire assez banal. Avions-nous besoin de Pascal pour nous dire que nos qualités physiques ne constituent pas ce qui fait le moi » ? Que lorsque je dis j’ai changé », il est bien clair que la formule suppose à la fois une succession de qualités la beauté, puis la laideur et l’identité du sujet, sans quoi on ne parlerait même pas de changement ? Les qualités physiques se succèdent, elles sont périssables » ; le moi demeure. Qui s’attache au périssable ne s’attache pas au moi. Le troisième exemple est plus paradoxal, car il nous semble légitime d’assimiler le moi » à ce qu’on appelle les qualités morales », au moins, précisément, les moins passagères, les moins périssables ». Pourtant ici encore Pascal vient dire si l’on m’aime pour ma mémoire et mon jugement, m’aime-t-on, moi ? Non, car je peux perdre ces qualités sans me perdre ». L’idée dérange, car nous avons tendance à identifier le moi aux qualités morales, au moins les plus permanentes ; et il semble bien que la mémoire » et le jugement » sans doute faut-il entendre ici l’intelligence ne soient que deux exemples de ces facultés qui semblent définir mon individualité, me caractériser, bref être de celles auxquelles je ferais appel pour dire ce que je suis ; l’argument dérange, car nous savons bien que c’est une question, parfois douloureuse, de savoir si un être qui a perdu mémoire et jugement comme cela semble être le cas dans la maladie d’Alzheimer, est encore la même personne ». Si j’y réfléchis, je constate qu’en un sens j’ai tendance à penser le moi comme le sujet des qualités et c’est ainsi que semble le penser Pascal avec un maximum de cohérence ; en un autre sens j’ai tendance à l’identifier à certaines de ces qualités, que je désignerai comme essentielles ». Ne faut-il pas choisir ? Pour le moins, Pascal nous invite ici à un nettoyage de nos pensées. La deuxième partie semble se résumer à deux conclusions pessimistes le moi est peut-être inconcevable ; le moi n’est jamais l’objet de l’amour. C’est cette dernière conclusion qui est la plus développée. Concernant la première, on pourrait la comprendre ainsi si je me tiens à cette définition du moi comme sujet des qualités, et surtout des qualités morales, je ne peux rien en dire ; on en viendrait presque à se demander si cette idée conserve un sens Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps ni Commentaire [E3] Retour sur la question initiale. Rappel, questionnements. Commentaire [E4] Ici il est clair que j’ai commenté » un peu. Mais c’est pour écarter une approche polémique » qui n’a pas lieu d’être. Dire qu’on peut entendre par moi » autre chose que ce qu’entend ici Pascal, ce n’est pas encore énoncer un point de désaccord avec l’auteur. Il faut se situer sur le terrain du texte, c’est-à-dire accepter de ne pas parler que de ce dont il est question ici. Commentaire [E5] Retour sur la première partie pour chaque sous-partie, rappel, questionnement. Commentaire [E6] Ici, évidemment, je situe ma question au-delà de quelque chose que je considère comme clair mais que je rappelle au correcteur, ce qui nécessite un peu d’analyse à l’intérieur de ce travail de présentation. Commentaire [E7] Justification d’un questionnement par une habitude de penser que le texte vient perturber. On pourrait faire la même chose pour l’amour dire que c’est quand même un peu raide, que Pascal nous dise qu’on n’aime jamais personne. Commentaire [E8] Toutes les questions qui surgissent s’appuient ici sur ce que j’aurais tendance à penser si je n’avais pas réfléchi sur le texte. La conclusion que j’en tire, c’est que le texte me révèle peut-être que mes propres notions ne sont pas claires. Cela annonce un travail de l’âme ? ». Et pourtant, comment penser des qualités sans penser quelque chose dont elles sont les qualités ? Peut-on renoncer à l’idée d’une substance de l’âme ? La deuxième conclusion est à la fois pessimiste, riche et paradoxale. On ne peut aimer le moi ; cela est clair, au regard de ce qui précède, puisqu’il semble inatteignable, indéfinissable, voire impensable. Mais Pascal nous fait remarquer une conséquence plus surprenante on ne peut pas plus dire qu’on aime le corps que l’âme. On est donc bien loin de l’idée que l’amour des corps n’est pas l’amour vrai, celui qui viserait l’âme, etc. Pascal remarque qu’on n’aime jamais un corps, mais les qualités qu’il se trouve avoir sinon j’aimerais ce corps quelques qualités qui y fussent ». Un tel amour du corps est-il possible ? Un amour qui viserait la substance du corps, comme l’amour de la personne » prétend viser la substance de l’âme ? Pascal dit que non ; mais on voit en tous cas que l’opposition essentielle, quand on réfléchit ici sur l’amour, n’est pas l’opposition entre l’amour des corps et l’amour de l’âme, mais l’opposition entre un amour qui s’attache aux qualités et celui qui s’attacherait » à la substance. On n’aime donc que des qualités. Mais Pascal ne dit pas seulement que l’amour de la substance de l’âme est impossible il dit qu’il serait injuste ». Qu’est-ce à dire ? D’autant qu’à y réfléchir, la double thèse impossibilité, injustice est doublement paradoxale. Pascal est chrétien. Le christianisme ne commande-t-il pas un amour universel, c’est-à-dire d’aimer tous les hommes quelques qualités qui y fussent ? » Pascal est-il en train de nous dire que ce commandement d’amour est absurde, à la fois impossible et injuste ? Que ce commandement soit en même temps un mystère, un paradoxe, cela est clair ; mais y a-t-il encore une place, dans le texte de Pascal, pour sa pertinence ? On sait que les Pensées de Pascal devaient constituer une Apologie de la religion chrétienne » on en semble bien loin ici. Alors, comment comprendre ? Au terme de ce parcours, la conclusion » ou la morale du texte ne paraît plus aussi paradoxale. Certes il peut paraître surprenant que Pascal semble ici excuser ceux qui vouent leur existence à la recherche des honneurs – habituellement décriés par les philosophes. Mais si nous ne nous attachons jamais à rien de substantiel », si en ce sens tout est attachement superficiel, de surface, au nom de quoi condamner ? On peut tout de même s’étonner d’un tel tout ou rien ». N’y a-t-il pas des qualités » qui ont plus de valeur que d’autres ? On le voit, ce texte, obscur dans son intention où Pascal veut-il en venir ?, fourmille également de difficultés de détail, dont nous n’avons pas fait, sans doute, l’inventaire complet. Pour essayer d’introduire quelque clarté dans cet ensemble, on peut envisager de revenir dans un premier temps sur l’opposition de la qualité et de la substance, qui y joue visiblement un rôle déterminant ; et plus précisément de revenir sur la nature de la qualité, puisque c’est là que nous trouvons ici des exemples, des formules qui demandent explication empruntées, périssables, etc.. On reviendra ensuite sur la question de l’amour ou de l’attachement, aussi bien pour explorer le sens de la thèse de Pascal On n’aime jamais personne, mais seulement des qualités » que pour envisager ce que pourrait signifier un amour qui s’attache à la substance du corps, de l’âme, idée dont il semble que le texte invite à nous défaire. Commentaire [E9] Pessimiste… Commentaire [E10] Riche… Commentaire [E11] … et paradoxale Commentaire [E12] Oui, vous n’êtes pas obligés de le savoir. Mais ça pourrait arriver, et on peut s’étonner et donc, être incité à réfléchir de ce qu’un auteur ne dise pas ce qu’on attendrait de lui. De telles remarques ont donc leur place dans une explication de texte. Commentaire [E13] Annonce de la première partie d’explication. Commentaire [E14] Annonce de la deuxième partie. Commentaire [E15] L’annonce du plan est claire. Il n’y a pas ici à proprement parler de retour synthétique sur les difficultés du texte, mais l’annonce au début de sa structure thématique suffit à justifier un tel plan d’étude. De toutes façons il faut éviter de recommencer une étude linéaire. 2262mots 10 pages. Montre plus. " Qu'est-ce que le moi ? " Quel type de question est introduit par la locution " qu'est-ce que " ? Il s'agit de la question de la définition ou, en termes philosophiques, la question de la nature ou de l'essence. Il s'agit donc de s'interroger sur la nature du " moi ", c'est-à-dire de la personne.
Exercice proposé à l’occasion d’un travail en autonomie sur le principe de la classe inversée pour le groupe B de TL. Ce groupe est divisé en deux équipes. La quatrième équipe devra réaliser une émission de radio philosophique à partir d’un travail sur un extrait des Pensées de Pascal. Equipe 4 Assurément, l’une des formules les plus connues de Socrate était le fameux connais-toi toi-même ». Mais qu’est-ce donc que le moi » ? Par ce précepte Socrate faisait de la réflexion du moi sur lui-même le socle originel de toute méditation philosophique. Cette dernière étant avant tout réflexion sur l’être dans son universalité, le Moi » qu’il faut connaître ne peut être seulement le moi particulier. Le moi particulier est siège de tous mes penchants, passions et autres affections individuelles, ce moi-là est fugace, changeant, variable et par conséquent je ne puis en tirer qu’une connaissance provisoire, incertaine et possédant tous les défauts de la connaissance purement subjective. Il faudrait faire abstraction de toutes les attributions du Moi ». Mais qu’est le Moi » indépendamment de toutes ses affections particulières ? Que reste-t-il du Moi » lorsque j’en ai ôté toutes les qualités accidentelles dont je puis être porteur ? Telle est la question que PASCAL pose dans ses Pensées, à la recherche de ce qui en chacun de nous dépasse les particularités individuelles et constitue la substance même de notre être. La question est question capitale, puisque la possibilité même de la poser nous met en présence de cette capacité que possède le moi de dépasser ses particularités par la pensée en en faisant abstraction. Substance / Accident La substance est ce qui demeure permanent au sein d’un être. Les accidents sont les propriétés qui n’affectent pas la substance de cet être. Pascal soutient qu’aucune propriété ne permet à elle seule de définir le Moi » le corps et l’âme de la personne ne cessent de changer, tout comme ses qualités, mais la personne demeure la même. Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non ; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus. Pourquoi le moi ne se réduit-il pas à mon apparence physique extérieure, telle qu’elle est perçue par autrui, voire aimée par lui ? Et si on m’aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on, moi ? Non ; car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? Et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. » Pourquoi ni le jugement ni la mémoire, ni l’âme ni le corps, ne suffisent-ils à définir le moi ? Comment expliquer on n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités » ? Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. Blaise PASCAL, Les Pensées, 323 1669 Qu’en résulte-t-il en ce qui concerne les rôles sociaux que nous jouons ? Pourquoi Pascal parle-t-il désormais de qualités empruntées ? Contenu de l’exercice inspiré du Manuel Philosophie » Magnard. TRAVAIL EN AUTONOMIE du Vendredi 23 septembre 2016 Partie individuelle 1° Lire le texte en tenant de le comprendre en vous aidant de l’introduction. 2° A partir de la structure du texte, répondez aux questions posées correspondant à chacune des parties du texte. 3° Quelles réponses ce texte de Pascal permet-il de fournir à la question suivante Le moi » est-il une fiction ? Partie en équipe 1° Partagez votre compréhension du texte. Y a-t-il des points de désaccords ? Le partage doit vous permettre de compléter, d’éclaircir, d’approfondir. 2° Travaillez la mise au point d’un enregistrement d’une émission philosophique portant sur ce texte Trouver un titre philosophique ex l’identité du sujet ; partagez les rôles 1 animateur, 1 lecteur et 4 intervenants / surtout ne pas donner l’impression de lire votre papier / Aidez-vous de la trame ci-dessous et rédigez un conducteur. Titre et présentation Animateur Bonjour, Vous écoutez PhiloWebRadio. Aujourd’hui, nous évoquerons la question de la réalité du moi » à travers une célèbre Pensée de Pascal Qu’est-ce que le moi ? » Pour en parler, nous avons sur le plateau, …. Lecture de la partie 1 Lecteur … Question 1 Animateur L’animateur donne la parole à Réponse à la question 1 Intervenant 1 Lecture de la partie 2 Lecteur Question 2 Animateur Réponse à la question 2 Intervenant 2 Lecture de la partie 3 Lecteur Question 3 Animateur Réponse à la question 3 Intervenant 3 Question 4 Animateur Pourquoi Pascal a-t-il choisi l’exemple de l’amour pour montrer que l’identité constituait un problème philosophique ? Réponse à la question 4 Intervenant 4 Conclusion Animateur On n’aime personne que pour des qualités empruntées, nous dit Pascal» c’est par cette parole quelque peu pessimiste que nous quittons. Nous vous donnons rendez-vous pour une prochaine émission. Vous étiez sur PhiloWebRadio. A bientôt !
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